Né pour rester jeune

Puisque j’évoquais hier Courteline​, il me plait aujourd’hui de recopier son épitaphe : « J’étais né pour rester jeune et j’ai eu l’avantage de m’en apercevoir le jour où j’ai cessé de l’être. »

C’est une idée à méditer. Naître pour rester jeune est, à maints égards, le projet de la vie même. Regardez les fleurs, ou les papillons : ils éclosent, s’épanouissent en beauté, se reproduisent ; une fois cette tâche accomplie, leur élan vital s’interrompt.

Nous autres humains, nous avons la chance, ou la malchance, de survivre (longtemps parfois) après l’âge de notre mission biologique. Cela nous donne le temps de réfléchir sur nous-mêmes, d’éprouver dans notre chair le temps qui passe, de concevoir l’inéluctable déclin.

Mais notre âge mental est toujours en retard sur notre âge physique. Le jour où nous en prenons conscience, c’est un étonnement poignant qui s’empare de nous. De la jeunesse aux mûres saisons, on bascule beaucoup plus vite qu’on ne le pense, et l’on ne fait que constater ce qui s’est déjà produit. « J’étais un enfant quand survint la vieillesse » : c’est ainsi que j’avais essayé, dans ma dernière chanson, de traduire quelque chose de ce saisissement.

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