L’Odyssée, d’Homère

L’Odyssée. Sans doute le plus beau roman / poème de tous les temps. Mon Dieu ! Quel choc ! Tout y est : l’aventure, l’amour, le fantastique, la violence, la tendresse, le parcours initiatique, la descente aux enfers, la nostalgie, et une poésie intemporelle rendue de manière éblouissante par la traduction de Philippe Jaccottet, que je conseille absolument.

La guerre de Troie est finie, et Ulysse, « l’Inventif », contrairement aux autres rois Grecs, va mettre dix années à rentrer chez lui. L’Odyssée nous conte ce retour, ou plutôt la fin de ce retour, car pendant sept ans, on l’apprend au chant V, Ulysse a séjourné chez Calypso. C’est une nymphe, une demi-déesse qui lui a procuré tous les plaisirs terrestres comme autant de baumes sur ses plaies de guerrier, comme autant de drogues à un vétéran. Elle lui a même promis l’immortalité pourvu qu’il demeure avec elle dans son paradis. Mais depuis quelque temps Ulysse s’ennuie et pleure en regardant la mer. Le paradis est artificiel. Sa place n’est pas là, elle est auprès de Pénélope sa femme, chez lui à Ithaque. Alors, malgré l’immensité des épreuves qui l’attendent et « même si quelque dieu veut l’engloutir dans l’abîme », il part à nouveau affronter le monde, à la rencontre de lui-même.

Les périls de la mer (tempêtes, récifs, sirènes), la séduction de nouvelles rencontres (Circé, Nausicaa), la plongée dans l’anonymat (mon nom est Personne), l’errance au bord de la folie et jusque chez les morts, le massacre des prétendants, la réconciliation avec son père et son fils, la reconquête de sa femme : long est le chemin du retour vers tout ce qui fait le prix et la simple beauté d’une vie d’homme, lorsque le monde n’est plus en guerre et que le temps des héros est fini.

Enfin, « après tant de souffrances et vingt années d’absence », s’étant retrouvé une dernière fois « au milieu des héros tués, éclaboussé de souillure et de sang, comme un lion qui s’éloigne ayant dévoré un bœuf au pâturage : tout son poitrail, et ses mâchoires de part et d’autre, couverts de sang », Ulysse se couchera auprès de Pénélope. Ils ont tant d’amour à faire et à refaire, tant de choses à se dire, que la déesse Athéna, qui a pris Ulysse en affection et protection, interviendra pour prolonger la nuit : « Il pleura, tenant sa femme fidèle, joie de son âme (…), dont les bras blancs ne voulaient plus se détacher de son cou. 
L’Aurore aurait paru avant que leurs sanglots ne cessent si Athéna aux yeux brillants n’avait eu son idée :
 elle allongea la nuit au bout du monde et retint l’aube 
au trône d’or dans l’Océan, sans la laisser atteler ses coursiers portant aux hommes la lumière. »

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