Génération

Je me dis parfois que j’appartiens à une génération épouvantable, qui aura fait beaucoup de dégâts. Si l’on regarde le monde tel qu’il était il y a trente ou quarante ans, et ce qu’il est aujourd’hui, non seulement nous l’avons abîmé, mais encore nous n’avons même pas essayé de changer les choses. Tous les grands problèmes de la planète étaient pourtant posés et débattus dès les années soixante. L’impossibilité d’une croissance infinie, la destruction de l’environnement, l’épuisement des ressources : tout avait été analysé et largement discuté, à partir notamment des travaux du Club de Rome. Mais on a mis tout ça sous le tapis. On s’est dit que des solutions se présenteraient en cours de route.

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On voyait qu’on était à bord d’un camion sans freins qui commençait à dévaler la pente, mais tout le monde chantait dans la cabine, et pour ralentir, eh bien, quelqu’un, quelque part, allait forcément trouver un moyen. Nous avons péché par optimisme. Un pied à peine posé sur la Lune, nous nous sommes imaginés sur Jupiter en 2001. Rien n’avait de limite. Nous anticipions un progrès perpétuel. Les visions de 1984 et du Meilleur des Mondes, c’étaient des fictions : et puisque le risque de dérive était identifié, nous saurions l’éviter. Toutes les difficultés seraient résolues. Nous avions foi en nous. Nous avons été présomptueux, pusillanimes, gloutons. Idiots.

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